Les vins d’Amboise s’émancipent de la Touraine
Crédits: par Alexandre Abellan in Vitisphère
Visant le statut d’appellation communale, la mention complémentaire voit son projet de modification de cahier des charges sur le point d’aboutir. En 2020, elle ne devrait plus compter que deux cépages identitaires.
« C’est notre grande actualité : on passe de Touraine Amboise à… Touraine Amboise ! » s’amuse Xavier Frissant, le président du syndicat viticole d’Amboise. Ayant jusqu’à présent le statut de satellite de l’AOC Touraine, le vignoble d’Indre-et-Loire pose les jalons de son indépendance avec son nouveau cahier des charges. Validées en interne depuis 2017, ces exigences de production doivent être étudiées, et adoptées, en juin prochain par le Comité national vin AOC de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (Inao). Après quatre mois de procédure nationale d’opposition qui devrait être lancée en juin prochain, le cahier des charges sera opérationnel pour le millésime 2020.
Conservant son statut de mention complémentaire, l’appellation était jusqu’à présent déclinée en trois couleurs (blanc, rouge et rosé) et plusieurs cépages (seulement chenin pour les blancs, mais gamay, côt et cabernet pour rouges). Son nouveau cadre réglementaire sera plus restrictif : avec une aire d’appellation tombant à un potentiel de 750 hectares (contre 3 200 actuellement), et un encépagement revu, avec des vins rouges issus à 100 % de côt (et vins des blancs toujours à 100 % chenin).
Deux cépages, une identité
« Nous serons les bourguignons de la Loire, avec deux cépages ! » s’enthousiasme Xavier Frissant. Si le chenin est un cépage identitaire du val de Loire, l’ancrage du côt, ou malbec, avec Amboise est moins connu, mais remonte à la Renaissance (cliquer ici pour en savoir plus). « Nous tenons au terme de côt. Ce n’est pas du malbec, mais le fruit d’une sélection massale, adaptée à notre terroir » souligne Xavier Frissant.
Plus restrictifs, les vins d’Amboise comptent devenir plus distinctifs, pour préparer leur passage à une AOC communale. Ce qui revient à se dissocier de l’ombrelle générique de la Touraine pour se positionner au sommet de la pyramide des AOC locales. « Les consommateurs ont en tête que le Touraine n’est pas un vin de garde, que ce sont des vins fruités de gamay et de sauvignon blanc » rapporte Xavier Frissant, dont le but est de créer une gamme hiérarchisée entre Touraine et Amboise. Son objectif à moyen terme étant de positionner les vins d’Amboise à 10 € la bouteille. La montée en gamme est soutenue par la croissance progressive des prix et des surfaces exploitées (actuellement estimées à moins de 250 ha, pour moitié de côt et pour moitié de chenin).
Amboise & Côt
Amboise ne compte pas s’arrêter à cette première étape qui consacre le chenin et le côt. Elle ambitionne de devenir AOC à part entière, et s’y prépare déjà en rédigeant un nouveau cahier des charges qui intègrera des mesures agro-environnementales.
Mais auparavant, le syndicat viticole compte fêter son nouveau cahier des charges avec un évènement inédit : Amboise & Côt. Se tenant à l’ombre du château d’Amboise, dont l’AOC compte davantage tirer parti, ces festivités auront lieu les 27 et 28 juin 2019 pour les professionnels, ainsi que le 29 juin pour le grand public.
Mettant à l’honneur les vins de côt, cet évènement accueillera un « grand frère » du cépage malbec : des vignerons de Cahors. Ce qui n’étonne pas quand on sait que le consultant du repositionnement d’Amboise est Jérémy Arnaud, le fondateur de Terroir Manager ayant misé sur le malbec quand il était le directeur marketing de l’Union Interprofessionnel des Vins de Cahors.