France Bleu a goûté pour vous les (grands) vins des Hospices de Beaune
Par Virginie Salanson, France Bleu Auxerre, France Bleu Bourgogne in France Bleu
Précieuses notes de spécialiste prises pendant la dégustation du millésime 2016. © Radio France – Virginie Salanson.
Chaque 3e dimanche de novembre se tient la vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune, en Côte-d’Or. La fête dure trois jours et offrent aux amateurs l’occasion de goûter des vins de prestige grâce à de nombreuses dégustations. Comment vous y retrouver ? Suivez nos conseils sur France Bleu !
Les trois étapes pour déguster un vin « primeur » des hospices de Beaune
VIDÉO DE L’ANALYSE SENSORIELLE AVEC LA RÉGISSEUSE DES HOSPICES DE BEAUNE
Pommard, Volnay Premier Cru, Échezeaux Grand Cru, Mazis-Chambertin, Savigny-les-Beaune, Clos de la Roche Grand Cru, Pouilly-Fuissé, Meursault-Charme, Corton-Charlemagne…. Autant de noms de grands vins qui feront saliver n’importe quel amateur. À Beaune, pour la vente aux enchères des vins des Hospices, en novembre, la tradition veut que l’on goûte ces vins de prestige : des dégustations du millésime sont proposées aux amateurs (traditionnellement le samedi matin), aux journalistes spécialisés et aux (futurs) acheteurs.
1 – Se préparer
Pour déguster un grand vin des Hospices de Beaune au cours de la vente aux enchères, il faut tout d’abord se préparer. Et savoir que ces vins se dégustent avant d’être « terminés », ils viennent juste d’être mis en tonneau, en « pièce » dit-on en Bourgogne et sont donc des vins « primeurs », à déguster de manière particulière. Ludivine Griveau, régisseur des Hospices de Beaune, unanimement reconnue pour son talent et sa finesse, conseille d’être « dans un environnement calme, concentré ». Il faut pouvoir se projeter pour imaginer ce que sera ce vin dans quelques années. Soyez aussi attentif à votre palais : « il ne faut pas avoir fumé, ni bu de café, ou pire, de jus d’orange dont le pouvoir est très occultant sur les papilles« avertit-elle. Munissez-vous de votre verre à vin, vous êtes fins prêts à commencer.
2 – La vue
Avant de le humer ou d’y tremper les lèvres, un grand vin se regarde. Admirez sa robe, c’est-à-dire sa couleur. Trouble, elle sera le signe d’un manque de maturité, le vin peut encore être en train de fermenter. C’est souvent le cas des Blancs primeurs. Bien rouge, très « déposée », elle est prête à être portée en élevage, c’est-à-dire en train de s’améliorer. Enfin, faites tourner le liquide dans le verre. Des traces transparentes se forment sur les parois, on parle de « larmes de vin » ou de « jambe ». Plus elles sont importantes, plus le vin contient d’alcool. Or le taux d’alcool provient souvent du taux de sucre du raisin. Lui-même provenant souvent d’une belle maturité et d’un bel ensoleillement.
Entre ces deux cuvées de Corton-Charlemagne, on remarque clairement une différence de couleur. © Radio France – Virginie Salanson
3 – L’odorat
Faites bien tourner le vin dans votre verre, il faut l’aérer. D’abord car cela permet d’évacuer le gaz encore présent dans le vin primeur, gaz qui masque les arômes. Ensuite car cela fait remonter les arômes… dans vos narines. Fermez-les yeux, humez le vin, respirez-le. Et essayez de deviner à quoi il vous fait penser : « fruits rouges, épices, des côtés un peu floraux, fruits blancs, odeurs grillées, odeurs minérales » suggère Ludivine Griveau. « On peut vraiment décortiquer tout l’odorat, ça demande une atmosphère neutre autour de soi » conseille-t-elle.
On peut retrouver dans le vin des fruits rouges, des épices, des côtés un peu floraux, de fruits blancs, une odeurs grillée, ou bien minérale »
4 – Le goût
Voici le moment de boire une gorgée. Soyez attentifs à vos sensations : la première s’appelle « l’attaque ». Si ça picote ou ça gratouille, ça vous parle de la fermentation du vin. Puis, sur les côtés de la bouche, il faudra dépasser l’acidité pour accéder aux sensations brutes : pour les rouges vous mesurerez les tanins, pour les blancs, le côté plus sucré ou moelleux. Ensuite, recrachez. Et inspectez à nouveau votre palais, quels arômes y persistent ? Là, pas de règle, ça peut vous plaire, ou non…
5 – Et si on y arrive vraiment pas tous seuls, le conseil des experts…
Après avoir eux-mêmes goûté à chacune des 47 cuvées de ce millésimes 2016 des Hospices de Beaune, les quelques 50 journalistes spécialisés présents ce 19 novembre guideront les consommateurs néophytes dans leur consommation de vin. Ils ont donc une influence colossale sur l’économie viticole. Michel Bettane est l’un d’eux. Moitié du duo de critiques français le plus célèbre dans le monde du vin*, il a expliqué à France Bleu Bourgogne comment il détecte un grand vin.
VIDÉO AVEC MICHEL BETTANE SUR LE SITE :
*Michel Bettane et Thierry Desseauve ont co-écrit le « Guide Bettane et Desseauve des vins de France ».
Le millésime vient juste de naître « comme un bébé, il est encore dans le ventre de sa mère »dit Michel Bettane. Avec un peu d’apprentissage, de mémoire et d’expérience, on peut déjà déceler leur potentiel explique-t-il. Pour sa 35e dégustation consécutive à Beaune (!), Michel Bettane détaille « le rôle des experts, c’est de guider, en essayant d’être francs, en essayant de ne pas donner plus de renseignements que ce qu’on peut donner (…) Je connais ces cuvées comme on connait ses enfants, ce qui m’intéresse c’est de savoir si celui-là va faire 1m90 ou 1m75, un peu comme les pédiatres regardent grandir les bébés ».
Dernier conseil -et pas des moindres- si vous n’êtes pas habitués à goûter, puis cracher votre vin: imaginez que vous crachez un noyau de cerise et tout ira bien. Foi de testeuse débutante, cela vous facilitera grandement la vie. Car il paraît que sur les vêtements, le vin rouge, même prestigieux… tâche.