Interview de Pascaline Lepeltier, Meilleur Sommelier de France 2018, « Un parcours atypique est une force »

par Lydie Jannot,            Crédit photo : Cédric Angeles

 

La nomination de Florent Martin au rang de Meilleur Sommelier de France (MSF) fut accueillie par l’Association des Sommeliers de Paris, non seulement avec une joie immense, mais aussi avec la fierté d’avoir accompagné un nouveau sommelier jusqu’à son tableau d’honneur. Nous avons voulu également rendre hommage aux précédents nominés.

Dans ce premier article, j’ai recueilli le témoignage de Pascaline Lepeltier, qui remporta le concours du « Meilleur Sommelier de France » en 2018.
Installée depuis 12 ans à New-York, Pascaline est sommelière-restauratrice, enseignante et auteure. C’est dans une ambiance feutrée que nous débutons notre conversation. Pascaline est souriante, posée et plutôt réservée durant les premières minutes.

Remontons le temps, pour comprendre son parcours. Elle commence par étudier la philosophie à Nantes, avec la volonté de devenir professeure d’université. Assez rapidement, elle se passionne pour le vin et s’oriente vers un DESS et un Master en management international de la restauration. Elle poursuit son cursus, avec notamment, une mention complémentaire en Sommellerie.

Après quelques faits marquants, les honneurs du milieu exigeant de la sommellerie se font d’autant plus nombreux. Elle remporte, notamment le concours du  » Meilleur jeune sommelier en Vins de Loire  » et celui du  » Meilleur sommelier de Bretagne ». Elle est reconnue comme l’un des cinq meilleurs sommeliers américains en 2011. Les tables étoilées ne manquent pas non plus à son jeune palmarès (L’Auberge Bretonne à La Roche-Bernard, George V à Paris, Rouge Tomate à New York City).

Elle est finaliste du concours de « Meilleur Sommelier de France » en 2008, mais installée de l’autre côté de l’Atlantique depuis 2009, la préparation des deux épreuves suivantes sont un véritable challenge, cumulant la distance, le décalage horaire et un travail à temps plein. Cependant, grâce au soutien inconditionnel de l’ASP (Jean-Luc Jamrozik, David Biraud, Philippe Faure-Brac, Benjamin Roffet, Pierre Vila Palleja, Jonathan Bauer), elle parfait ses connaissances aussi bien théoriques que pratiques, dans les domaines de la dégustation et du service et atteint par deux fois encore la finale (2010, 2012).

Une pause s’impose alors. Les concours n’étant pas une fin en soi, mais plutôt une étape pour aller plus loin, il est important de savoir constituer une perspective plus large, et d’adopter une approche plus inclusive. Elle porte dès lors un autre regard sur son quotidien et s’entraîne avec l’équipe de son restaurant et ses collègues new-yorkais. En 2014 elle reçoit le diplôme de Master Sommelier.

Pascaline a fait des choix de vie forts, structurants qui ne participent pas à faciliter son accès en tant que finaliste au MSF. Elle a néanmoins su faire de ce parcours atypique et engagé une force. Au fil des années, elle s’est forgée une personnalité mêlant détermination, responsabilité et sensibilité. Les liens humains proches et distants qu’elle a progressivement tissés et les valeurs de transmission et de partage lui ont donné envie d’aller encore plus loin pour gagner.
En 2018, elle remporte le double titre de MSF et de MOF.

Début 2019, elle est nommée « Personnalité de l’année » par La Revue du vin de France qui n’avait jusqu’ici jamais honoré une femme de cette distinction.

 

 

Si vous voulez poursuivre dans l’univers des sommeliers et du vin, Pascaline nous partage quelques sites web de référence (Guildsomm,  Jancis Robinson, Trink, Alice Feiring), des personnalités à suivre sur Instagram (Olivier Poussier, Raj Parr, Aldo Sohm) ou encore ses podcasts favoris ( I’ll Drink to That – Levi Dalton, Le Bon Grain de l’Ivresse, La Terre à Boire, Les replays de la Cité du Vin).