La grande et petite histoire du vignoble en Haut-Poitou
Crédits: La nouvelle république
Une conférence donnée à Blaslay a permis d’évoquer l’histoire d’un territoire où des hommes au fil des siècles ont travaillé et exploité des vignes.
Marie-Pierre Baudry, docteur en archéologie médiévale et histoire de l’art, passionnée du patrimoine régional, et Gilles Morgeau, président du syndicat des viticulteurs*, ont proposé récemment de faire découvrir le vignoble du Haut-Poitou, « pas pour exposer un travail d’œnologue », mais, par des anecdotes, des témoignages, d’évoquer l’histoire d’un territoire où des hommes au fil des siècles ont travaillé et exploité des vignes.
L’histoire remonte au Moyen Age
Le vin était connu à l’époque gallo-romaine même si nulle trace tangible de vignobles n’a pu être trouvée ; il était importé. C’est au Moyen Age que l’on trouve les premières preuves d’activités viticole et vinicole autour des abbayes. La consommation du vin est réservée aux classes aisées. Puis, la culture de la vigne s’accroît dans la Vienne et dans les Deux-Sèvres. Au Xe siècle, le vin du Haut-Poitou s’exporte vers l’Angleterre et l’Irlande ; au XIVe siècle vers les Flandres. On distinguait alors Haut-Poitou (Vienne) et Bas-Poitou (Deux-Sèvres). Jusqu’à la Révolution, les vins du Mirebalais et de Blaslay étaient considérés comme des vins d’Anjou, ce qui compliquait les choses : coutumier, lois, mesures, exploitation de la vigne, n’étant pas les mêmes dans les deux provinces. Un droit particulier lié à la vigne émerge alors. On instaure des taxes. Le vin se boit jeune et en quantité. Les liaisons fluviales sont très utilisées.
Au XVIIIe siècle, la culture de la vigne explose dans le Haut-Poitou (actuel) alors qu’elle régresse dans le reste du département. Dans les fermes on pratique la polyculture, vigne, froment, blé. Aux XIXe et XXe siècles, le vin n’est plus réservé à une élite. 40.000 hectares de vignes sont cultivés dans la Vienne. L’amélioration des routes, l’arrivée du chemin de fer changent la donne. Les catastrophes du phylloxera, du mildiou et de l’oïdium, touchent alors sévèrement le vignoble et impactent tous les métiers de la vigne. Dans les Deux-Sèvres, la culture de la vigne est abandonnée au profit de l’élevage. En Haut-Poitou, les vignerons replantent. Les hybrides américains apparaissent, la culture se modernise. Dans les années 30, on évoque « les vins citernes », les exportations vers l’Allemagne pour faire du mousseux. Période faste : « Il n’y avait pas de comptabilité, on était payé en espèces. La quantité compensait la qualité. » Viennent alors la création de la cave coopérative en 1948, celle de la confrérie « les Tire-douzils », en 1953. Les mentalités évoluent avec la recherche de la qualité.
L’AOC Haut-Poitou, fruit d’un travail rigoureux
Le vignoble du Haut-Poitou couvre 700 hectares situés au nord de Poitiers et à proximité du Futuroscope. 150 hectares ont droit à l’appellation Haut-Poitou. « L’AOC Haut-Poitou a été délivrée en 2011 par l’INAO. Une appellation qui fait déjà référence », déclare Gilles Morgeau. Obtenue grâce au choix des parcelles, au travail rigoureux des vignes, à une vinification soignée. Les vignerons ne ménagent pas leur peine et privilégient la qualité.
*Gilles Morgeau est en charge de l’appellation vins du Haut-Poitou AOC.