Les vins volcaniques du monde tiendront leur premier Salon en 2020
Crédits: Irène Aubert in Mon Viti
La filière viticole du Puy-de-Dôme a lancé l’idée d’un Salon des vins volcaniques qui rassemblerait les huit à dix appellations au monde cultivées sur les flancs des volcans. Rendez-vous est pris le 30 janvier 2020, à Clermont-Ferrand, pour la première édition.
«Il y a quatre ans, je voulais trouver un axe de communication qui puise sa source dans la fierté et dans la légitimité de nos vins. Et là, je me suis tourné vers la terre, c’est-à-dire vers notre terroir volcanique, avec ses sols issus de basaltes, ses pierres ponces et j’ai commencé à communiquer sur l’origine volcanique des vins que nous commercialisons, sur les effets de ce terroir sur nos vins. » Avec son entreprise, aujourd’hui associée avec la cave coopérative de Saint-Verny (voir encadré), Pierre Desprat distribue en effet plus de la moitié des vins de l’AOC Côte-d’Auvergne. Mais c’est en tant que président de l’association interprofessionnelle Vinora qu’il prépare actuellement la première édition du Salon des vins volcaniques.
Réunir les vins volcaniques à Clermont-Ferrand
Le terroir des Côtes-d’Auvergne se compose en effet de plusieurs îlots viticoles situés le long de la chaîne des Puys, donc sur les flancs des anciens volcans. « En creusant un peu le concept, j’ai compris que très peu de vignobles au monde étaient dans le même cas : le Lacryma Christi du Vésuve, Santorin, les Canaries, les Açores, la Wilmalette Valley en Oregon… et bien sûr, quelques vignes en France, chez nos voisins des côtes du Forez, par exemple. Notre idée est de réunir tous ces vins à Clermont-Ferrand, en marge du Salon Vinidôme », résume-t-il. Une date a déjà été retenue : ce sera le jeudi 30 janvier 2020.
Pour cette première édition, le Salon Vinora se tiendra sur une journée et sera ouvert aux seuls professionnels : cavistes, restaurateurs, acheteurs, importateurs… Un bar à vins sera aussi proposé chaque soir pendant la durée du Salon et les particuliers pourront ainsi découvrir, voire acheter les vins, eux aussi. Le Salon Vinidôme attire chaque année plus de 40 000 personnes à la Grande Halle d’Auvergne, autour des vins et des produits du terroir. Pour ce premier Vinora, les organisateurs espèrent réunir plusieurs centaines d’acheteurs pour 40 à 60 exposants, avec une part égale d’Auvergnats et d’internationaux.
Un colloque à Vulcania
Ce rendez-vous marque un renouveau de la communication et de l’état d’esprit des vignerons auvergnats. « Il y a une quinzaine d’années, nous avions déjà communiqué sur le fait que nos vins étaient bus à la table de Louis XIV, puis sur la qualité de nos vins comparée à celle de nos voisins. Ça n’avait pas marché. Là, nous tenons une idée qui soulève l’enthousiasme partout où nous l’exposons », se réjouit Pierre Desprat, qui rentre à peine du Canada. « Les vins volcaniques sont devenus très tendance car les acheteurs sont friands de découverte de nouvelles petites régions », constate ce vibrant ambassadeur de la région.
Afin de conforter l’envergure internationale de cette rencontre, les organisateurs espèrent le parrainage de John Szabo, le sommelier canadien, spécialiste des vins volcaniques, membre fondateur de l’association internationale Volcanic wines. Un colloque est prévu le vendredi 31 janvier. Thème volcanique oblige, il se tiendra au parc d’attractions Vulcania, où il sera possible de visualiser les différentes régions évoquées sur des images satellites de Planet observer. Elle semble loin, la table de Louis XIV.
Fédérer les énergies
Il reste donc un peu moins d’une année pour organiser le premier Vinora. Parmi les enjeux pour la réussite de ce Salon, il y a la faculté de fédérer toutes les énergies régionales. Déjà, le pari semble bien engagé. L’association Vinora, spécialement créée pour l’organisation du Salon, le 3 décembre 2018, rassemble trois collèges : vignerons indépendants, coopérateurs et négociants. « Les portes sont grandes ouvertes », insiste Pierre Desprat. Les premières rencontres avec les élus sont positives. « Nous avons le soutien de la mairie de Clermont-Ferrand, du Département, de la Région, de l’État, et l’ensemble des acteurs politiques sont avec nous », résume Pierre Desprat.
Quant aux producteurs internationaux, les premiers contacts ont déjà été pris : depuis deux ans, les Auvergnats ont profité du Salon Prowein pour organiser des rencontres avec les huit autres pays concernés. L’idée de se réunir, tous, à Clermont-Ferrand, a reçu un accueil favorable. Sans doute la reconnaissance par l’Unesco de la chaîne des Puys comme patrimoine mondial, l’été dernier, vient-elle renforcer la démarche et lui apporter un soutien médiatique.
Pour les vins français d’autres régions, des demandes de participation sont déjà arrivées, notamment en provenance d’Ardèche, du Languedoc et d’Alsace. Un comité de sélection est en cours de constitution, qui sera chargé de vérifier que les vins proviennent bien de terroirs volcaniques, sur la foi de dégustations, d’analyses de sol, etc.
Une alliance originale négoce-coopération
La cave coopérative de Saint-Verny, qui fait partie du groupe Limagrain depuis 1991, avait déjà passé un accord de partenariat avec le négoce Desprat, en décembre 2015, pour la commercialisation de ses vins. Depuis octobre 2017, une société en commun a été créée : Desprat Saint-Verny. Cette entité s’approvisionne auprès des coopérateurs, vinifie et commercialise les vins. Pierre Desprat est président du directoire, tandis que Sébastien Vidal, administrateur de Limagrain, préside le conseil de surveillance.