Nouveaux records exports pour Cognac
Crédits: Alexandre Abellan in Vitisphère
Les résultats commerciaux de Cognac en 2018 prennent une tournure politique alors que le débat sur la croissance du vignoble charentais se poursuit.
Alors que le repli annoncé des expéditions de Cognac vers la Chine sur la fin 2018 entretenait le suspens, le Bureau National Interprofessionnel de Cognac (BNIC) balaie les doutes: l’eau-de-vie charentaise « confirme son développement sur ses marchés en 2018, avec des expéditions en croissance ». Avec 204,2 millions de cols expédiées pour un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros, les volumes et les valeurs affichent des hausses respectives de 3 et 2 % par rapport à 2017, qui marquait déjà un niveau record.
Planter plus pour exporter plus
Nul doute que les bonnes performances des cognacs aux États-Unis (+5 % en volume, voir graphique ci-dessous) vont être mis à profit par l’interprofession pour soutenir ses importantes demandes d’autorisations de nouvelles plantations de vignes (3 474 hectares pour 2019, avec l’objectif de 10 000 hectares en trois ans). Une croissance de 5 % du potentiel de production charentais qui inquiète dans le reste du vignoble français. Où les craintifs soulignent que Cognac est très dépendant du marché nord-américain (43 % des volumes), alors que les prises de position protectionnistes du président des États-Unis, Donald Trump, pourraient causer des remous, voire un revirement de marché. Se souvenant de la crise des années 1990, ces prudents représentants du vignoble s’inquiètent également du repli observé en Chine sur la fin 2018, où les expéditions de vins sont plus généralement au ralenti (en témoigne Bordeaux). Avec 24,2 millions de cols de cognacs en 2018, le marché chinois enregistre en effet une baisse de 5 % des volumes importés sur l’année.
Les expéditions vers le marché chinois portent ces bons résultats, même si on note un léger ralentissement au cours du second semestre » note le communiqué du BNIC, dont le service économique balaie les craintes, estimant qu’il ne faut pas se focaliser sur les seuls mois de novembre et décembre, mais sur l’ensemble de la période. Ce que confirmait récemment à Vitisphere le négociant Florent Morillon, responsable amont des cognacs Hennessy (groupe LVMH), qui souligne que « les achats ont été anticipés pour le nouvel an chinois. Avec le fret et le dédouanement, il y a des pics et des surstockages. Il y a eu de très bonnes ventes les mois précédents. »
Pouvant s’appuyer sur les tendances des pays émergents*, le président du BNIC, le négociant Patrick Raguenaud, conclut dans un communiqué que « les professionnels demeurent confiants dans leurs perspectives à venir et se projettent avec ambition et clairvoyance, en s’assurant de la bonne adéquation entre les besoins de leurs marchés et le niveau de leur production ». Reste aux opérateurs charentais de convaincre leurs homologues de la nécessité de planter pour répondre à ces demandes croissantes à l’étranger (98 % du Cognac est exporté).
* : Soit l’Afrique du Sud, le Vietnam et les Caraïbes, avec des croissances « tant en volume (+ 10,4%) qu’en valeur (+ 7,1%) » précise le BNIC.